Manifestation du 28 Mars 2023
Comment en est-on arrivé là ?
Ce mardi 28 mars, Strasbourg s’est une fois de plus mobilisée pour manifester son mécontentement face à l’utilisation du 49.3 et le rejet de la motion de censure, Speaker vous raconte tout.

Suite à l’application du 49.3 le 16 mars dernier pour faire passer la réforme des retraites, le gouvernement a fait voter une motion de censure le 20 mars qui a été rejetée.
Qu’est-ce que ça signifie ?
Le 49.3 est un article inscrit dans la constitution dont on dit qu’il permet « d’engager la responsabilité du gouvernement » sur un texte ou un projet de loi. Cela veut dire que ce projet sera considéré comme adopté .
Ainsi, la première ministre Elisabeth Borne a usé de cet article pour faire passer la réforme des retraites qui suscite maintenant, depuis plusieurs semaines, le mécontentement d’une grande partie de la population. Le recours pour contrer l’application de l’article 49.3 est le vote d’une motion de censure déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent.
Comment ça s’est passé ?
L’Assemblée nationale met en cause la responsabilité du gouvernement et applique donc un vote qui impliquerait sa démission si cette motion atteint une majorité, c’est-à-dire 287 voix. Or dans le cas du lundi 20 mars, seulement 278 députés ont voté pour, cela veut dire qu’à neuf voix près, le gouvernement n’est pas contraint de démissionner.
Suite à ces enjeux, les rues de toutes les villes de France ont été un véritable théâtre de protestation, Strasbourg étant l’une des plus actives. Ce mardi 28 ne fait pas exception malgré une moins grosse mobilisation que les précédentes avec un chiffre qui varie entre 6 500 et 15 000 participants ces derniers jours.
Une journée commencée sur les bancs du campus
Avant la marche, une assemblée générale s’est tenue sur le campus universitaire de l’Esplanade à la faculté des sciences sociales à dix heures. L’occasion pour les étudiants et les professeurs d’échanger et de se renseigner sur les mobilisations et les enjeux qui gravitent autour. Speaker a eu l’occasion d’interroger une participante.
Louise, 22 ans, étudiante en Master intervention sociale
Dans le cortège on retrouve des étudiants, les syndicats, des retraités et salariés de tout secteur qui ne se découragent pas et marchent main dans la main avec différents slogans qui visent tous la réforme, le 49.3? mais plus globalement encore les mesures du gouvernement qui précarisent les différents secteurs.

Les raisons pour manifester sont nombreuses, mais le fait de ne pas rentrer trop tard à la retraite représente un véritable enjeu, dans la vie des personnes mais aussi pour leurs droits concernant le travail. Car en effet, nombreux sont ceux qui reprochent le manque de reconnaissance des travailleurs qui sont pour une grande partie mal payés alors qu’on leur demande toujours plus. « Il n’y a que la course à l’argent et on écrase les gens dedans ». Ainsi la population n’en démord pas.
On entendra aussi la notion de « déni démocratique » quand le peuple n’est pas écouté à l’instar du 49.3 utilisé pour la onzième fois par la ministre Elisabeth Borne. Les manifestants comprennent ce recours comme le reniement de la volonté du peuple et de ce qui est bon pour le peuple.
Témoignage de Sylvia, retraitée.
C’est la dixième journée de mobilisation organisée, cependant ces dernières semaines, des manifestations spontanées ont eu lieu régulièrement pouvant causer certaines violences entre les forces de l’ordre et les manifestants. L’objectif étant d’abord de militer pacifiquement et d’éviter les violences cependant, ces regroupements sont parfois lieux de débordements. En effet, le but de ces marches spontanées ou manifestations sauvages est d’une part de montrer son désaccord mais aussi de bloquer la ville afin de faire réagir les autorités concernées et donc de se faire écouter.
Ainsi, pour prévenir les violences qui ont pu être rapportées (gazs lacrymogènes, poubelles brûlées, etc…) les policiers, cette dernière après-midi, ont effectué des barrages aux entrées du site de la République (point de départ de la marche) pour fouiller les sacs des manifestants.
Malgré l’union dans la rue, lorsque Speaker tend le micro on entend différentes opinions quant à la progression des mobilisations : « Je ne pense pas que ça va changer grand chose mais c’est important de se réunir » nous raconte un étudiant alors que d’autres ont l’espoir que le texte finisse par être retiré suite aux pressions mises sur le gouvernement. Sachant que nombre de députés soutiennent les mouvements de protestation, ce qu’il faut retenir c’est que ce n’est pas la rue contre l’assemblée, bien au contraire.
Une manifestation pour le VIVRE ensemble
Les marches ont généralement lieu au départ de l’Avenue de la Liberté, avec un parcours via la Place de la République, la Place Broglie, la Place de L’Homme-de-Fer, la Krutenau, la Rue de la Division Leclerc, la Rue de la Première-Armée, la Rue des Orphelins, la Place de Zurich, les Quais et le Pont d’Auvergne pour une arrivée sur l’Avenue de la Liberté.
On parle de revendications, de colère mais les manifestations c’est avant tout un rassemblement. Ce qui ressort beaucoup, particulièrement pour ce contexte, c’est l’union des différentes générations, les jeunes comme les personnes âgées se retrouvent pour se soutenir. Mais c’est aussi une ambiance de fête que l’on retient plus généralement : des chars diffusant de la musique, des instrumentistes un peu partout, des feux d’artifices, les différents cortèges sont arpentés de drapeaux d’organismes et de pancartes de toutes sortes de slogans. Les têtes de cortège brandissent leur speaker pour motiver les foules et chanter en chœur à l’image d’un chef d’orchestre.
Strasbourg c’est des rassemblements de grandes envergures. Certaines personnes ont confié à Speaker s’être déplacés exprès pour participer aux rassemblements alsaciens. De plus, les objectifs sont tous braqués sur la marche pour diffuser sur les médias la portée de la mobilisation. Les photos du cortège de FO (Forces Ouvrières) notamment ont été beaucoup relayées dans la capitale selon un des représentants, ce qui constitue une vraie fierté pour les syndicats locaux.
Ainsi, Strasbourg est une ville qui se positionne, notamment dans l’antifascisme et la remise en question du système capitaliste qui est fermement revendiqué à n’importe quelle mobilisation. Ce qu’on prône dans cette ville c’est le vivre ensemble avant tout et ne laisser personne sur le côté.

La prochaine grande mobilisation est prévue pour Jeudi 6 avril 2023 où vous retrouverez tous les grands acteurs de la lutte contre le 49.3.
Et vous, vous y serez ?
@losxting, le 29/03/2023
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